7.Des hommes en détresse
Dans cette série, « 13 Reasons why j’arrête de bosser avec les hommes », je te parle d’un phénomène dont ils sont victimes et qui m’a mis dans des situationheuuuu … complexes !
Au bout d’un an et demi, j’ai fait une moyenne en observant les hommes qui me demandent une séance découverte : 8 hommes sur 10.
C’est le nombre d’hommes que j’envoie chez le psy en fin de séance et à qui je refuse un coaching.
Le patriarcat pousse les femmes à se remettre en question en permanence et les hommes à ne jamais douter d’eux. Au point que de nombreuses psychopathologies accompagnent sur des décennies des hommes qui n’en prennent pas conscience.
Au-delà des psychopathologies, la dépression et les pensées obscures prolifèrent dans le terreau des injonctions du mythe de la virilité dès leur adolescence.
C’est de leur « incapacité » à pécho que naît une culpabilité de ne pas être à la hauteur et donc un manque de confiance en eux, qui souvent, s’ajoutent à de nombreuses pressions omniprésentes dans leur cercle d’hommes. Ils sont “taquinés” le bon mot c’est humiliés, par leurs pères, leurs frères et leurs collègues, car pas assez beaux, trop sensibles, maladroits, et pas bai*eur.
C’est entre hommes qu’ils se blessent et les rejetons de la bande se tournent parfois vers les femmes.
C’est ainsi que je me retrouve face à un homme en détresse qui ouvre la porte de ses pensées derrière laquelle se cache une terrible souffrance rongeant ses rêves en putréfaction. Hors de question de le laisser partir après avoir ouvert cette porte, car il risque de passer à l’acte. Mes compétences de conseillère en séduction sont bien loin de suffire dans cette situation. Cet homme doit parler à un psy, urgament.
J’appelle SOS suicide face au client.
J’annule mes RDV suivants et je passe parfois l’après midi à Saint-Anne, avec un inconnu qui se repose sur mes épaules et dont je deviens le seul repère l’espace d’une journée. M’apercevoir dans le couloir quelques instants les rassurent, je suis là, je les crois.
7 appels la première année, 5 la seconde et 3 la troisième.
Les hommes subissent une pression phénoménale face à leur masculinité.
Je reçois des messages quelques mois plus tard, des remerciements, leurs nouvelles.
Des annonces de diagnostic à l’appel : TCA, trouble Borderline, bipolarité, dépression chronique.
Pour chercher le tampon HPI et se valoriser, ils sont là ! Mais pour se questionner l’espace d’un instant sur leur santé mentale … Ça m’agace, mais je ne les blâmes pas.
Chercher leurs « faiblesses », c’est admettre qu’ils en ont, et ça, c’est interdit.
La virilité les tue aussi, la masculinité pousse les hommes à s’attaquer aux plus petits au plus faibles. Des loups pour nous, des loups entre eux.
Souvent, ces hommes en détresse ont préféré voir des coachs séduction masculinistes pour résoudre le problème au lieu d’aller chez le psy.
Souvent, ils se sont arnaqués avant de venir me voir, parfois de milliers d’euros.
( attention : les hommes souffrent, c’est un fait, mais sans commune mesure aux minorités de genre). Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.
J’ai conscience que travailler avec des femmes et des minorités de genre s'exposera à des récits et des souffrances aussi, néanmoins, je constate qu’elles prennent mieux soin de leur santé mentale que les hommes, car iels sont invitées à se questionner pour être mieux en permanence.
Voici donc une des raisons qui me poussent aujourd’hui à me couper du travail avec les hommes et à me consacrer aux femmes et à mes adelphes queer.