6.Prise d’otage dans un uber

Dans la série « 13 reasons why j’arrête de bosser avec les hommes », je te raconte une histoire : 

Un soir d’hiver, je décide de prendre un Uber de Paris à chez moi pour éviter de me faire agresser dans les transports aussi tard. 

J’entre à peine dans le uber que le monsieur me tape la discussion. 

Alors que je suis claquée de ma soirée de travail, je lui réponds sans trop réfléchir. Rapidement, il me demande mon métier : conseillère en séduction. 

CHANGEMENT D’AMBIANCE :

Il se met à me dire ce qu’il pense de la séduction, puis des couples, puis des pédés et des trans qui ne pensent pas à la réputation de leur famille, sans oublier les femmes qui seraient des oiseaux. « faut pas la serrer trop fort dans les mains sinon elle meure, mais faut pas lui faire trop de compliments et lui laisser de la liberté sinon elle s’envole, parce qu’elle est vénale et superficielle , elle est comme ça : la femme »

Au début, j’essaye de rétorquer mes arguments calmement, mais il hausse le ton, me coupe la parole et fait de grands gestes.

Très vite, je me rends compte que :

  • Ce n’est pas une discussion, c’est un monologue de sa part, 

  • Je suis enfermée dans une voiture à 160 km/h sur une autoroute de banlieue déserte à minuit avec un conducteur qui déteste les femmes, alors c’est pas le moment de jouer la domina. 

Je ne lui réponds plus et regarde par la fenêtre ouverte :

  • Il ferme la fenêtre et cherche mon regard dans le rétro central.

J’écris un message à un ami pour l’alerter :

  • Il hurle : « Tu m’écoutes ? T’écouter cque jte dis ? C’est important là ! »

35 minutes d’angoisse à entendre des atrocités sur tout ce qui n’est pas un homme cis genre. 

Tout le monde y passe, les handi, les femmes, les petites filles qui draguent avec leurs culottes sales, les hommes efféminés qui ne méritent pas la vie …

Et moi ? 

Moi, je suis pétrifiée. 

Arrivant devant chez moi, j’ouvre la porte de la voiture et la voix du conducteur s’adoucit immédiatement : 

« En tout cas, ça fait plaisir de discuter, hein ! Bonne soirée mdame ! » Sourire aux lèvres, l’air sympathique. 

Je regarde la voiture partir alors que mes jambes tremblent :  Je m’écroule sur la chaussée, en pleure. 

3 jours de pose s’imposent, je décale tous mes RDV et je réfléchis encore et encore : vais-je crever de ce métier ? 

Je te parle donc de ce phénomène que toutes les femmes auto entrepreneuses subissent en permanence. 

Mais t’en connais beaucoup des auto entrepreneuses qui se sont spécialisées dans un domaine réservé exclusivement aux hommes ? 

Moi nan. J’ai rarement côtoyé de femme qui en chie autant dans son travail, hors mis des autrices féministes, des journalistes féministes et les politiciennes féministes pour lesquelles j’éprouve une grande sororité.

Durant ces trois dernières années, j’ai bossé avec autant d’hommes que de minorités de genre, pourtant toutes les personnes qui se permettent de me dire comment mieux bosser sont des hommes cis. Voici donc une des raisons qui me poussent aujourd’hui à me couper du travail avec les hommes et à me consacrer aux femmes et à mes adelphes queer.

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