10.La validation masculine
Dans la série “13 reasons why j'arrête de bosser avec les hommes”, je te parle, aujourd'hui de la puissance de la validation masculine au travers d’une histoire :
Durant les premiers mois de mon activité, je coache Julien, un homme petit, rond, dégarni, qui paraît avoir 10 ans de plus que son véritable âge : 27 ans.
Julien est très timide et n’a jamais eu de relation amoureuse de sa vie. Il rêve d’une amie complice, d’une sexe friend ou même d’une relation amoureuse.
Julien à très mauvais gout, son style vestimentaire semble s'inspirer des tenues de Jean-Claude Convenant et de son acolyte dans Caméra café, bref, les ploucs des années 2000.
Alors que nous passons la journée entière ensemble, j’observe un énorme changement de comportement de sa part :
Le matin, je fais les boutiques avec Julien. Il refuse toutes mes propositions et se dirige vers des vêtements horriblement laids qui, à ma grande surprise, aggravent encore plus son physique déjà très peu avantagé :
– Cette cravate vert canard se mariera à merveille avec tes beaux yeux !
— Non, je préfère la rose au-dessus, attrape-la moi, s’il te plait !
– La rose ? Heuuuu, la rose satinée ? Celle avec de grosses rayures marron caca chaud ? T’es sur ???
Nous retrouvons Cupidon, mon ancien photographe, dont le pseudo t’indique la beauté :
Grand blond, triatloniste aux muscles saillants, au sourire ravageur accompagné de ses faussettes à faire fondre un curé et de ses boucles blondes à tomber : Cupidon, vous dis-je, fils de Venus.
Paul (c’est son prénom) débarque à notre table en me sautant dessus, me remerciant, tout sourire, ravi du jean et du joli pull que je lui ai conseillé.
Julien, observant la scène, comprend que mes conseils sont valables puisqu’un autre homme canon les valide. C’est grâce à cette validation de mes compétences de la part de Cupidon que Julien eut subitement confiance en moi.
Après le repas, nous avons passé deux heures à revenir dans chacune des boutiques pour qu’il se fasse rembourser ses horribles achats et prenne mes recommandations.
Son comportement a changé, Julien n’est plus dans le combat avec moi : c’est à partir de ce jour qu’il a enfin évolué.
Bien que l’histoire soit rigolote, elle révèle un type de client qui me mandate pour que je valide ses choix et non pour entendre mes conseils. Par extension, une misogynie qui retire ses compétences aux femmes.
J’ai travaillé avec autant d’hommes que de femmes, pourtant ceux qui remettent en compte mes compétences ne sont que des hommes cis, voilà pourquoi je souhaite me consacrer aux femmes et à mes adelphes queer !